Absentéisme record en France : 36 % des arrêts de travail liés au stress et au burnout

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Photo: Crédit photo FRED TANNEAU/AFP via Getty Images
L’absentéisme au travail continue de progresser en France, pesant lourdement sur les entreprises, avec un coût avoisinant 120 milliards d’euros par an. Les arrêts, désormais plus longs, sont majoritairement liés aux risques psychosociaux, devenus la première cause des absences prolongées.
En 2024, l’absentéisme a augmenté de 3 % par rapport à 2023 pour atteindre 5,1 %, selon le baromètre du courtier en assurance WTW. Ce taux correspondait au rapport entre le nombre de jours d’absence et le nombre de jours travaillés. L’étude s’est appuyée sur un panel de 1952 entreprises regroupant 431.981 salariés, et a suivi durant cinq ans l’évolution des arrêts maladie ainsi que des ATPM (accidents du travail, de trajet et maladies professionnelles).
La durée moyenne des arrêts s’est allongée
Plus d’un salarié sur trois a été arrêté pour raison médicale en 2024. La durée moyenne d’un arrêt s’élevait cette année-là à 24,1 jours, contre 21 jours avant la crise sanitaire du Covid-19.
La principale explication reste la montée des troubles psychologiques (stress, burnout, dépression), responsables de 36 % des arrêts. En outre, ces pathologies ont entraîné les absences les plus longues. Autre tendance marquante : la hausse des accidents du travail chez les seniors, en particulier au-delà de 60 ans.
Selon WTW, 94 % des arrêts sont liés à la maladie. Les accidents et maladies professionnelles, ne représentant que 6 % du total, provoquent des absences bien plus longues – en moyenne 71 jours –, notamment dans les secteurs du transport, de la construction, de la santé et de la restauration.
Taux d’absentéisme plus élevé chez les femmes
En 2024, l’absentéisme au travail variait fortement selon les profils et les secteurs. Les femmes affichent un taux d’absentéisme de 6,1 %, contre 4,5 % pour les hommes. Les jeunes salariés (20-30 ans) ont la fréquence d’arrêt la plus élevée, tandis que les seniors (50-70 ans) enregistrent les absences les plus longues. Les ouvriers affichent un taux de 7,37 %, contre 6,79 % pour les employés et seulement 2,37 % pour les cadres, dont la durée moyenne des arrêts s’allonge malgré le faible taux.
Le type de contrat joue également un rôle : les salariés en CDD ont un absentéisme de 2,3 %, contre 5,3 % pour les salariés en CDI. Les secteurs les plus touchés restent la santé et l’action sociale (8,5 %), l’hébergement-restauration (8 %) et le transport et l’entreposage (6,8 %).
« Un signal d’alarme pour les entreprises »
Cette tendance représente un coût non négligeable pour les entreprises françaises, estimé à plus de 120 milliards d’euros par an, mais aussi pour la Sécurité sociale. Le gouvernement tente de contenir ces dépenses en renforçant les contrôles, en luttant contre les arrêts abusifs, en allongeant la période de carence non prise en charge par l’employeur et en révisant les règles de prise en charge. De nouvelles mesures sont également à l’étude pour réduire les coûts.
De leur côté, les entreprises cherchent à réduire l’absentéisme par la prévention et le bien-être au travail, considérés comme des leviers de performance. Dans la construction, la modernisation du matériel et le renforcement de la formation ont ainsi permis de faire baisser le taux d’absentéisme à 4,2 % en 2024, malgré des risques métiers toujours présents.
« La hausse de l’absentéisme en 2024 est bien plus qu’un indicateur social : c’est un signal d’alarme pour les entreprises. Frappant toutes les générations, tous les secteurs et tous les niveaux hiérarchiques, il révèle un besoin urgent de repenser l’organisation du travail, d’écouter les salariés et d’investir durablement dans la prévention et la qualité de vie au travail », souligne Noémie Marciano, directrice de l’activité Assurance de personnes chez WTW France.

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